Mexique: tout n’est pas rose.

Un mois maintenant que nous sommes installés dans le petit village de Chacala au Mexique. Je ne vous le cacherai pas, l’adaptation fut un gros défi. Loin de moi l’idée de dénigrer ce pays que j’adore mais je dois admettre qu’il y a eu de forts moments de questionnement.

Qu’est-ce qui nous pousse à se compliquer autant la vie ?

Pourquoi venir ici alors que c’est si facile de rester dans notre zone de confort ?

Faire partie d’une petite communauté mexicaine est une occasion extraordinaire et quotidiennement je réalise la chance que nous avons. Mais encore, des frustrations sont présentes car il m’est difficile de mettre de côté certains principes qui pour moi sont une évidence. Voici quelques exemples d’irritants qui me font râler un peu, parfois beaucoup. 

 

La gestion des déchets.

Ma conscience écologique est grande. Adepte du compostage, recyclage, réutilisation, achat usagé, achat en vrac, nommez les, j’y adhère. Ici je fulmine un peu. Le seul service présent est le passage d’un camion de ramassage de déchets, quelques fois par semaine, à horaire variable, dans les principales rues du villages. Un homme avec une cloche le précède afin de nous avertir de son arrivée. 

Recyclage: pratiquement zéro. À l’exception du vieil homme qui ramasse les canettes d’aluminium et de quelques poubelles en grillage pour récupérer les bouteilles de plastique, il n’y a pas de moyens de récupération. Papier, carton, verre, métal s’en vont à la poubelle. Notre solution est de minimiser le plus possible notre consommation de produits emballés.

Gestion des gros déchets: zéro. Notre voisin d’en face a deux vieux matelas qui traînent sur son terrain. Certaines cours sont jonchées d’items du genre. Au coin de la rue, un arbre frappé par la foudre a été coupé et laissé sur place. Les options semblent inexistantes afin de se défaire de ces objets inutilisables. Certains font des feux pour éliminer leurs déchets, il ne faut pas être trop regardant à ce qui brûle. Manque de budget ou de ressources ? Je ne peux dire.

L’arbre coupé, quelqu’un a commencé à le faire bruler.

Surutilisation des sacs de plastique.  Aux marchés, boutiques ou restaurants, partout, le sac de plastique est roi. Des petits pour mettre les menus articles que l’on mettra ensuite dans un grand en passant à la caisse. « No bolsa por favor » est la phrase que je répète le plus lors des courses et je me sens comme une extra-terrestre avec mes sacs réutilisables. Heureusement, j’ai pu observer à quelques reprises dans les magasins à grande surface, surtout en ville, la vente et l’utilisation de sacs réutilisables. 

Une mentalité encore à changer. Je sais qu’il y a des Mexicains qui ont une conscience écologique développée. J’en connais. Mais quand vient le temps de regarder la masse, force est d’admettre que les locaux ont encore des efforts à faire pour respecter l’environnement. Malgré l’accès à des poubelles, plusieurs n’ont pas de gêne à jeter un papier ou un verre à la rue. Et c’est à chaque lundi matin, une fois passées les familles à la plage,  que nous retrouvons celle-ci parsemée de détritus. 

Un bel exemple de mauvaise foi.

 

Les animaux errants.

Des chiens, des chats, des poules et des coqs. Tous ces animaux se côtoient dans les rues. Nous ne savons pas trop s’ils ont un maître ni comment il se nourrissent. Ces animaux ne sont pas méchants mais cette situation donne lieu à des concerts d’aboiements ou à des batailles de matous. La majorité ne sont pas castrés alors bonjour la reproduction. Honorablement, une équipe de vétérinaires bénévoles vient quelques fois par an pour une fin de semaine de stérilisation.

Un chien lent, un coq pressé.

 
Les fourmis.

Ça arrive même au Québec d’avoir des fourmis dans la maison et il est relativement facile de s’en débarrasser. Ici, c’est à l’infini. J’ai beau en tuer des centaines par jour, il y en a toujours. J’ai essayé tous les trucs (écologiques on s’entend) possibles, rien n’y fait. Elles sont dans les murs, passent par les prises de courant et réussissent toujours à trouver leur chemin vers la moindre miette de nourriture ou petite goutte qui n’a pas été essuyée. Laissez une assiette sale sur le comptoir et c’est la fiesta ! Au moins, elles sont minuscules. Un coup de guenille sur le comptoir avant de commencer à cuisiner, inspection des assiettes avant d’y mettre la nourriture et plusieurs autres coups de guenille à la fin du repas nous permettent non pas de vivre sans fourmis, mais plutôt d’éviter d’en manger.

 

Le niveau sonore.

Il y a de l’ambiance au Mexique. Musique forte au restaurant, dans les boutiques, sur la plage. À chacun son « boombox », le plus fort est le mieux. Lors des fins de semaine et jours de fête il y a deux orchestres sur la plage. Trompettes, tambours et cymbales offrent une symphonie aux clients des restaurants. Si seulement ils jouaient la même mélodie en même temps.

Les fêtes religieuses sont des occasions de faire sauter des pétards, dès les petites heures du matin. Et des fêtes, il y en a beaucoup ! Puis dans les rues, il y a les voitures et camionnettes qui passent un enregistrement sonore en roulant afin de vendre leurs produits.  En écoutant bien, vous pouvez vous procurer des pâtisseries, des crevettes fraîches ou séchées, du gaz, des avocats et des cacahuètes, de l’eau purifiée et j’en passe. Tout ça sur le pas de votre porte.

Mais mes préférés sont les coqs. Bien en voix, à toute heure du jour ou de la nuit. C’est comme une compétition, quand il y en a un qui commence, les autres répondent.

Je vous ai dit que notre voisin fait l’élevage de coqs de combat ? 

 


 

Malgré ces circonstances confrontantes, notre expérience est très enrichissante et les gens sont d’une gentillesse incommensurable. Cette communauté nous accepte à bras ouverts et tels que nous sommes alors il m’importe d’en faire autant. Ne pas juger, mettre de côté mes attentes et frustrations d’étrangère, s’attarder sur le positif de chaque situation. Visiter un pays en tant que touriste nous donne un aperçu de son fonctionnement. Décider d’y vivre pour un certain temps nous confronte à ses différences et réalités. Il faut humblement accepter ce qui est et prendre le temps d’y voir ce que nous pouvons y apporter.

Qu’est-ce qui nous pousse tant à se compliquer la vie ?

Le défi ?

La confrontation pour remettre nos valeurs en question ? 

Je n’ai pas encore l’entièreté de la réponse mais je sais que ce que j’y gagne est bien plus fort que toutes les difficultés rencontrées. Et que ici et maintenant, même si je râle, je ne voudrais pas être ailleurs.

 

Et vous ? Quelles sont vos pires aberrations de voyage ? Faites-moi rire en les écrivant en commentaire. 

Finir en beauté.

 

 

 

 

 

À 

 

Rouler sa vie

Famille de 4 nomades, nous explorons le monde à bord de notre maison roulante. Family of 4 exploring the world in our house on wheels.

10 Comments:

  1. Bonjour et grande filisitation pour votre aventure non egoiste merci et Grande merci

  2. Comme vous vous donnez beaucoup de travail afin de nous exposer avec autant de réalité et détaillés!
    Vous vivez une expérience incommensurable en famille .
    Je vous suit au pas avec un intérêt au plus haut point!
    Étant à la retraite Et en motorisé depuis 9 ans je ne pèse pas mes mots à la légère.
    Au Camping Almeja de Bucerias (avenida Los Picos) au bout de cette rue face à l’entrée Il me ferait un grand plaisir de vous servir un breuvage au plaisir de vous rencontrer au patio! Josée Roy

  3. Merci pour votre récit de petit bout de vie au Mexique. En tant que nomade nous avons toujours envie d’aller voir ailleurs…et vite revenir à nos repères, ce que l’on connaît, notre zone de confort. Puis y retourner rapidement car on se rend compte que ce que l’on perd on le retrouve autrement.
    Pour ma part je comprends tout à fait votre désarroi sur l’écologie, c’est ce qui me dérange le plus lorsque nous sommes à l’étranger….avec la nourriture. De ce demander s’il n’y a que moi que ça choque tout ses sacs plastiques, ces détritus dans les rues, sur les plages..a côté des poubelles ; voir les vaches se nourrir de détritus sur la plage (si, si , nous avons vu ça en Albanie)
    Et ces fourmis et autres insectes !!! lorsque nous venons du froid effectivement c’est une plaie dans tous les pays chaud ! même dans le sud de la France l’été (elles viennent d’Amérique du sud)
    Mais parfois dans des villages un peu reculés nous voyons de belles initiatives écologiques émerger donc je me dis qu’il y a encore plein d’endroits où l’on peut encore découvrir notre belle planète. Il faut juste que ces initiatives passent sur le village d’à côté…et en vivant sur place, les gens seront peut-être un peu choqués de vous voir avec sacs réutilisables mais pour certains ça cheminera dans leur tête et peut-être y passeront-ils dans quelques années ?
    En tous cas, je trouve ça bien de nous donner votre ressenti non édulcoré. Tout le monde ne comprendra pas car vous « êtes au soleil » et vous n’avez pas à vous « plaindre » .
    Mais moi, comme je vous comprends !!!!!
    Bonne continuation les amis !!!!

  4. Toujours un grand plaisir de vous lire, car vous avez un regard vrai, authentique. Merci de nous faire voyager avec vous à travers vous . 😊 très utile pour nos voyages futur!

  5. Suzanne et moi sympathisons et comprenons vos contraintes.Foley,Alabama, lors de nos emplettes,rendu à la caisse,les gens nous faisons des gros yeux (exaspérance) pcq nous avions nos sacs.
    Les fourmis surtout en Texas, Arizona et Californie, Ils se pointent toujours à toute heure du jour en montant le long de notre fil qui alimente notre motorisé en électricité.
    Nous avons appris à (faire avec) et modifier notre façon de manipuler la nourriture et les liquides.
    Le défi est d’apprendre à vivre avec notre environnement quelque soit l’endroit ou nous sommes. Vous avez toute notre admiration les 4 nomades.
    Nous avons quitté le Quebec hier et voguons vers San Diego encore une fois cette année.
    Au plaisir de vous lire………..

  6. J`adore te lire Geneviève, continue de nous faire voyager à travers tes récits!!

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